La télé des années 50: télécinèma, kinescope et 16mm

Les premières émissions de télévision sont en direct. On n'enregistre, on ne conserve, rien.
On va vouloir dans les années 50 conserver une trace des programmes -ce sera le kinescope-, puis  diffuser des films -ce sera l'apparition du télécinéma-. On souhaitera ensuite diffuser des reportages ou des émissions en différé  et on utilisera le film 16mm avec le plus souvent le son magnétique séparé.

Télécinéma

Un télécinéma permet de diffuser  des films de  long métrage à la télévision.
Les films parlants sont exposés à la cadence de  24 images par seconde. Cette fréquence est proche du 25 images secondes de la télévision ( 2  trames à 50hz) . On peut donc,pour simplifier le probléme de la diffusion des films à la télévision, accélérer légérement les films avec pour seule conséquence  une légère dérive vers l'aigu de la bande sonore.

NB: Il reste cependant le problème des films muets à 16 images par  seconde et celui des pays anglo saxons dont le secteur est à 60Hz et donc la fréquence des images de télévision à 30 hz. Dans ce dernier cas on analyse 2 trames sur une image puis 3 trames sur l'image suivante. On obtient ainsi 5 trames pour 2 images  au lieu de 4 trames et 5/4 =30/24

Les télécinémas vont utilisés des tubes à mémoire.
Les télécinémas   vidicon des Buttes Chaumont.
2 projecteurs de cinéma de part et d'autre du  vidicon. La commutation des projecteurs se fait grace à un miroir tournant

On commencera par utiliser le photicon. Ce tube avait un cout d'utilisation  très élévé et un fonctionnement délicat.
La cible doit être entiérement éclairée dans les mêmes conditions durant le balayage.
Dans un projecteur de cinéma  l'avance du film se fait par saccade grace à  une croix de Malte durant environ 1/4 du temps d'exposition d'une image, soit 10mS, ( on ne peut entrainer le film plus vite sans l'abimer) alors que l'équivalent en télévision, le retour trame, se fait en moins de 2mS.
La trame serait donc "déchirée" au moment de l'avance du film.
On choisit donc d'exposer la photocathode du  photicon au film durant le temps très bref du  retour trame et d'analyser l'image dans l'obscurité (un obturateur cache le film et on a alors  tout le temps de faire l'avance du film ). La synchronisation de l'obturateur doit être réglée de façon très précise et cela est délicat à l'époque.

Mécanisme d'un télécinéma
Un nouveau tube à mémoire va apparaitre : le vidicon. Ce tube est suffisamment rémanent pour que l'avance du film se fasse à un moment quelconque. Cette proprièté  résout aussi le probléme des films muets à 16 images seconde.
Par rapport au photicon le vidicon manque de finesse, sa rémanence est parfois génante et il présente parfois des taches.

Pour la projection d'un film de long métrage de plusieurs bobines il faut disposer de deux télécinémas ,que l'on utilise à tour de rôle, ou d'un dispositif de commutation de deux projecteurs de cinéma sur un photicon ou un vidicon unique par un système à deux miroirs.

Les télécinémas  flying spot de Cognacq Jay
Un autre type de télécinéma utilise un tube flying spot.
Le point lumineux du flying spot balaye l'image du film et le flux lumineux résultant arrive sur un photomultiplicateur.
Le déroulement du film ne s'effectue plus par saccade mais est continu. Le déroulement s'effectue à la vitesse d'une demie image par trame (de 1/50s) avec un système optique constitué de deux prismes permettant d'obtenir deux images du spot décalée d'une hauteur d'image.
Les primes sont obturés à tour de rôle. Avec le premier prisme on balaye sur une hauteur d'une demie image mais comme durant ce temps le film s'est aussi déplacé d'une demie image on balaye donc une image compléte. On obtient de la même façon  le balayage de la deuxième trame d'image avec le second prisme.

Le télécinéma  flying spot a une très bonne définition, donne une image homogène mais comme la  lumière utilisée  est très faible ils ont des problémes avec les films très denses. La superposition des trames demande un réglage très prècis. Comme le déroulement doit être synchrone aux trames, il ne peut être utilisé pour les films à 16 images/seconde.
On envisage de l'utiliser pour la future télévision couleur car il est très facile de séparer optiquement les trois couleurs fondamentales de l'image du spot  et de les présenter à 3 photomultiplicateurs.

Le kinescope et l'usage du 16mm

Télécinéma 16mm, son magnétique  aux Buttes Chaumont
Le kinescope  enregistre un programme de télévision en filmant sur film 16mm l'image donnée par un moniteur video.
La caméra 16mm ne photographie qu'une trame sur 2, le film avance durant la seconde trame non filmée.
Le moniteur que l'on filme,  au lieu de balayer de gauche à droite, balaye de droite à gauche.
Le film utilisé est sensible au bleu car le phosphore du moniteur èmet une lumière bleu violette (les films panchromatiques ou orthochromatiques sont plus chers ) .
Le premier enregistrement kinescope conservé date de janvier 54. Beaucoup d'émissions n'ont pas été enregistrées ou leur enregistrement a été perdu ou détruit, par exemple il n'y a que 3 enregistrements intacts de 1956. La RTF enregistrait pourtant 100 000 m de film par an.

Les émissions en différé  étaient d'abord enregistrée sur film 16mm avec son optique ou sur bande magnétique séparée.
Pour les reportages on utilise une caméra 16mm.
Vers  1960 apparait   la caméra Éclair NPR ( noiseless portable reflex) Coutant . Cette caméra est silencieuse et son moteur est contrôlé par quartz, le défilement est donc parfaitement régulier ce qui permet la synchronisation du son enregistré par exemple sur un Nagra ou un UHER 4000 modifiés pour accepter de la bande magnétique avec perforations.
Pour la diffusion après montage, le télécinéma était synchronisé avec un dérouleur magnétique.

Sites et références 


  • Les studios de la RTF des Buttes Chaumont
  • La revue Télévision.  C'est une des revues créée par E Aisberg, célébre vulgarisateur de l'électronique dont les ouvrages, "La [radio, transistor, télévision ] mais c'est très simple", furent des grands succès .Ils sont écrits sous forme de  dialogues entre  deux personnages Ignotus et Curiosus (il y a peut être une inspiration du coté de Gamov et de son M Tompkins)